Depuis quelques mois, les économistes d’un grand nombre de pays annoncent récession. Mais une situation économique désastreuse ne se traduit pas nécessairement par une mauvaise nouvelle pour notre santé. En tout cas pas seulement.
Selon Ralph Catalano, chercheur en santé à l’université américaine de Berkeley, les récessions présentent un certain nombre d’avantages pour la santé, aussi contre-intuitif que cela puisse paraître. C’est en tout cas ce qu’il avait expliqué cela lors d’une présentation en ligne en 2020.
Le chercheur estime que, comme les gens ont en moyenne des revenus plus faibles en période de récession, ils doivent mieux gérer leur argent. En pratique, cela signifie souvent qu’ils consomment moins de choses malsaines. Par exemple, selon Catalano, les gens consomment moins de tabac, d’alcool et de drogues. Par conséquent, les décès dus aux maladies cardiovasculaires diminuent pendant les récessions.
Un autre « avantage » de ces périodes est que moins de personnes sont au travail. De ce fait, les accidents peuvent également être moins nombreux, tant sur le lieu de travail lui-même que dans la circulation. Ce dernier point est d’autant plus pertinent lorsque le prix du carburant s’envole. Catalano présente aussi la réduction de la pollution atmosphérique comme un effet secondaire « positif » de la récession.
Plus de temps pour faire de l’exercice
Une étude de 2019 publiée dans la revue Nature a révélé qu’en période de récession, les gens choisissent également de s’adonner à des passe-temps qui ne coûtent pas d’argent. Du sport ou de la méditation, par exemple. Ils ont aussi plus de temps pour cuisiner leurs propres aliments et dormir davantage, autant de facteurs qui contribuent à une meilleure santé.
En outres, une analyse publiée en 2005 dans le Journal of Health Economics a révélé que les gens perdent plus facilement du poids en période de récession et qu’ils arrêtent aussi plus souvent de fumer. Les taux de mortalité diminueraient même en période de difficultés économiques.
Pas que du positif
D’un autre côté, les récessions présentent bien sûr des inconvénients majeurs, hormis le fait que les gens ont plus de mal sur le plan économique. Par exemple, davantage de cas de difficultés mentales, de tentatives de suicide et de suicides sont signalés pendant les récessions.
D’autres études montrent que les gens souffrent aussi plus souvent de maux comme des céphalées, des problèmes de sommeil, des nausées et d’autres douleurs. Cela se produit plus souvent dans les pays où les soins de santé universels n’existent pas. Les États-Unis en sont un exemple notoire.
Aussi, les taux de fécondité baissent en période de récession, car les gens sont moins enclins à avoir des enfants lorsque leur situation financière est déjà difficile. Les familles avec enfants s’en sortent également moins bien. Par exemple, les parents auraient plus de mal à acheter tout le nécessaire pour l’école, à acheter des équipements pour bébé et, d’une manière générale, à élever leurs enfants de manière saine. Tout cela a un impact réel sur le développement des jeunes enfants, estime l’Unicef, qui parle de dommages irréparables à leur santé.
(OD)