La Banque centrale européenne (BCE) a relevé ses taux d’intérêt de 75 points de base pour la deuxième fois consécutive. Ce resserrement de la politique monétaire, entre autres choses, entraîne une forte augmentation du coût des prêts, et notamment des prêts immobiliers. Peter Vanden Houte, économiste en chef chez ING Belgique, estime que nous sommes proches d’un pic.
La BCE espère freiner l’inflation galopante en augmentant les taux d’intérêt. Cette politique entraîne également une hausse des taux d’intérêt pour les particluiers. Cela présente à la fois des avantages et des inconvénients. Épargner rapporte plus, mais emprunter de l’argent devient plus cher.
L’essentiel: l’inflation dans la zone euro a atteint 9,9% en glissement annuel en septembre. C’est cinq fois plus que l’objectif de la BCE. Elle vise une inflation de 2 % à moyen terme. Pour atteindre cet objectif, l’institution monétaire a déjà relevé les taux d’intérêt de 200 points de base cette année. Christine Lagarde, présidente de la banque centrale, a annoncé lors d’une conférence de presse suivant la dernière décision sur les taux d’intérêt que d’autres hausses de taux d’intérêt sont probables.
Impact sur nos finances
Cette politique a un impact énorme sur nos finances :
- La hausse de 75 points de base du taux d’intérêt signifie que le taux de dépôt – la somme que les banques obtiennent lorsqu’elles déposent de l’argent auprès des banques centrales nationales – est de 1,5%. Cela leur donne une plus grande marge de manœuvre pour offrir des taux d’épargne plus élevés à leurs clients. Certaines institutions financières – principalement des banques en ligne – ont déjà augmenté les taux d’épargne ces dernières semaines. À leur tour, les assureurs ajustent à la hausse les taux d’intérêt garantis des polices d’assurance de la branche 21.
- Les emprunts, quant à eux, deviennent nettement plus chers. Le prix des prêts hypothécaires notamment a fortement augmenté. Selon le baromètre des taux d’intérêt d’Immotheker, le taux d’intérêt d’un prêt résidentiel d’une durée de 25 ans et d’une quotité (le rapport entre le montant du prêt et la valeur du logement) supérieur à 80 % est passé de 1,8 à 3,46% depuis le début de cette année. C’est un peu moins que le double.
Les prêts immobiliers deviennent-ils encore plus chers ?
Après la dernière hausse des taux d’intérêt de la BCE, les gens se demandent si les taux des prêts immobiliers vont encore augmenter. Selon Vanden Houte, nous approchons d’un pic à court terme.
- « La politique de taux d’intérêt de la BCE n’a pas d’impact direct sur les prêts immobiliers. En effet, ceux-ci sont liés aux taux d’intérêt à long terme », précise-t-il. « Ces taux d’intérêt ont augmenté depuis un certain temps, même avant la première hausse des taux d’intérêt de la banque centrale. » Les investisseurs anticipaient un resserrement de la politique monétaire, ce qui a fait grimper en flèche les taux d’intérêt à long terme.
- « Jusqu’à présent, les taux de la BCE ont augmenté de 2 points de pourcentage, tandis que les taux à long terme ont augmenté d’environ 3 points de pourcentage depuis le début de cette année », a-t-il poursuivi.
- Selon lui, les prêts hypothécaires sont désormais moins susceptibles de devenir plus chers car les taux d’intérêt à long terme avaient déjà fortement augmenté en prévision d’un nouveau resserrement de la politique monétaire.
- Il ajoute également que les banques de notre pays sont moins susceptibles d’ajuster les taux d’intérêt qu’aux Pays-Bas, par exemple. Chez nos voisins du nord, cela se produit presque quotidiennement.
Et que se passera-t-il si la BCE commence à réduire son bilan ? Dans ce cas, on parle de resserrement quantitatif (QT). Ces dernières années, l’institution monétaire a acheté des obligations en masse pour faire baisser les taux d’intérêt à long terme. En effet, une hausse du prix des obligations entraîne une baisse des coupons (sur les nouvelles émissions). En conséquence, le taux d’intérêt à 10 ans de la Belgique, entre autres, a été négatif pendant un certain temps.
- « L’institution monétaire commencera probablement le resserrement quantitatif en 2023 », note l’économiste en chef d’ING. « Je ne m’attends pas encore à un grand effet sur les taux d’intérêt à long terme cette année-là, et s’il y en a un, il sera certainement à la hausse. »
- À moyen terme, toutefois, cette politique pourrait entraîner une nouvelle hausse du prix des prêts immobiliers. La BCE tient déjà compte du fait que la suppression progressive de l’assouplissement quantitatif (QE, fait de racheter des obligations) d’ici 2025 pourrait faire augmenter les taux d’intérêt à long terme d’environ 0,8 point de pourcentage.
(CP)